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vendredi 27 juin 2014

A Calais, les Droits de l'Homme ne sont plus ! Merci à Natacha Bouchart !

Le parcours d'un combattu

Tefade Manday a 17 ans. Il est Érythréen  et s'est réfugié à Calais dans l'espoir de rejoindre l'eldorado britannique. Classique. Ils sont près d'un millier dans son cas. Près d'un milliers à vivre dans des conditions inhumaines, à vivre la faim au ventre et la peur dans les tripes. Viscéralement, intrinsèquement, ils souffrent et ressentent l'incompréhension et la crainte perpétuelle d'une chasse à l'immigré. Non seulement, les autorités se déresponsabilisent, mais ils démontent les camps en ne proposant comme solution que l'errance. Pire, ils ferment les yeux sur les violences policières de plus en plus récurrentes. L'ancien pays des droits de l'Homme a du sang sur les mains: plusieurs dizaines de migrants sont déjà morts ! La politique migratoire Barrésienne de la France, cette gestion à la hussarde, violente et inhumaine, ne découragera jamais des êtres humains de sauver leur peau -puisqu'il s'agit de cela- malgré les hordes de godillots, matraques à la main, qui s’enorgueillissent d'avoir “cassé du bougnoule” sous réserve d'un délire obsidional...  15 ans que cela dure et l'agressivité animale des forces de l'ordre n'y changera jamais rien. Jamais !

Dans la nuit du 25 au 26 Juin, Tefade marchait près de l'Hoverport dans une zone autorisée, il est utile de le préciser. Il ne faisait qu'être lorsqu'une patrouille de police a croisé son malheureux chemin. Tefade est rattrapé par la police. Facilement puisqu'il ne s'enfuit pas. S'en suit un déchaînement d'invectives, de menaces et de coups ! Tefade est cogné, assénné de coups de poings et de matraques. Il est  violemment jeté au sol, face contre terre. Leurs pulsions animales assouvies, les connards décérébrés disparaissent. Tefade est au sol, souffrant de ses meutrissures. L'ignoble but est atteint.



Tefade se rend à l'hôpital pour soigner ses contusions, un genoux amoché et un nez cassé ! Il lui est proposé de se reposer. Au petit matin, faible, mourant de faim et rétif d'angoisse, il décide de quitter le service hospitalier pour chercher de la nourriture. Sans prévenir personne mais tout le monde s'en fout !
Le soir même, il fait part de ce tabassage barbare aux associatifs et du fait qu'il souffre encore beaucoup . Ils décident d'appeler les pompiers afin de lui fournir les soins appropriés et les médicaments nécessaires. Pour ne pas le laisser abandonné à la fin de ses soins, je décide de me rendre aux urgences, d'attendre sa sortie et de le ramener auprès des siens. Il était inconcevable de la laisser à nouveau livré à lui-même si loin du lieu de distribution de nourriture qui sert de camp de fortune. A la sortie de la PASS (Permanence d'accès aux Soins de Santé), je m'aperçois que Tefade sort avec une ordonnance sur laquelle il est noté “AFFECTION EXONERANTE” qui permet d'obtenir les médicaments de façon gratuite. Je remarque également que sa sortie n'est pas accompagnée d'un certificat présentant ses maux et les soins effectués. Je décide subséquemment d'aller réclamer le dit-document et obtient une fin de non recevoir. Tefade s'est sauvé de l'hôpital le matin même, c'est la raison invoquée par les médecins pour ne pas délivré ce document qui aurait été une preuve de la violence policière subie. Étrange ? Hasard ? Volonté non assumée ?

Arrivé à la pharmacie, l'apothicaire ne souhaite pas délivrer la médication de façon gratuite. Il n'est aucunement noté sur l'ordonnance que celle-ci provient de l'hôpital, la pharmacienne affirme de pas connaître le nom du médecin et soutient qu'elle ne sera jamais remboursée par la sécurité sociale puisque Tefade n'est évidemment pas affilié. Dysfonctionnement de la part de l'hôpital, acharnement déguisé ou velléité gerbante ? Les faits sont là ! Chaque subtilité, chaque possibilité de nuire, toutes les potentialités permettant de réduire à néant le peu de dignité que ces hommes ( et ses femmes et enfants) possèdent encore est utilisée, usée jusqu'à la corde. Il y a les violences physiques, il y a aussi les violences psychologiques. Elles sont tout aussi grave et condamnable !
J'ai payé les médicaments et ai ramené Tefade là où il survit...


C'est le parcours d'un combattu... parmi tant d'autres ! 

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