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mercredi 13 mars 2013

"Moraliser" le capitalisme: De Karl Marx à Jérôme Kerviel




Le capitalisme n'est pas récent. Sur l'échelle historique, il est tout de même moderne. Certains trouveront des traces de libéralisme dès la chute du féodalisme. Mais c'est la première révolution industrielle qui étendra l'idéologie selon laquelle rien n'est plus important que la croissance, la création et donc l'entrepenariat, le profit, l'accumulation du capital et de 
richesses en s'appuyant sur la propriété privée, les moyens de production mais surtout sur l'individualisme et les inégalités économiques et, par le fait, sociales. Au XIX ème siècle Karl Marx s'indigne des disparités salariales entre la bourgeoisie et le prolétariat et imagine un monde égalitaire basé sur la mise en commun des productions.


 Frappé par la division de la société, il estime que le "grand soir", une révolution ou les ouvriers prendraient possession des moyens de production et les redistribueraient de façon équitable. Jusqu'en 1917, le communisme reste théorique et sera mis en pratique par Lénine, puis dénaturé totalement par Staline. Avec la chute du mur de Berlin en 1989, puis l'éclatement de l'U.R.S.S. le 25 Décembre 1991, c'est la mort définitive du communisme. Ses ersatz pseudo-démocratiques survivent par la pauvreté et les relents populistes, que la (les) crise(s), et le fossé sempiternellement accru entre les riches et les besogneux, accentuent. Mais soyons réalistes, le marxisme est mort, trahi par ses disciples. Le capitalisme s'est propagé dans le monde entier comme une traîné de poudre, si l'on omet la très "démocratique" Corée du Nord. Cuba, la Chine et confrères n'ont plus de communiste que le nom. Le Coca-Cola y coule à flot, et les Big Mac engraissent les peuples. Le capitalisme est-il une fatalité? Ce qui nous permit d'innover, donc d'améliorer fortement notre niveau de vie ces deux derniers siècles est-il irrémédiable? 



L'exemple européen, l'Islande


"Nous avons laissé les banques faire faillite, nous ne les avons pas renflouées, nous les avons traitées comme d'autres entreprises. Nous avons instauré des contrôles des changes. Nous avons essayé de protéger l'Etat providence, refusant d'appliquer l'austérité de" façon brutale".


Ólafur Ragnar Grímsson, Président de l'Islande réélu 5 fois à la tête du "laboratoire" de l'Europe, est sur un petit nuage. Quatre ans après l’effondrement du système bancaire islandais, l'économie de son pays flamboie à l'inverse des autres pays du continent.

François Hollande, Ólafur Ragnar Grímsson
Autre différence majeure, la classe politique de la terre de glace a rapidement assimilé le fait que la "crise" n'était pas 
seulement économique et financière mais aussi démocratique et judiciaire. Cette approche globale a permis à la nation d'affronter le défi de façon plus large. 

La transition a été chaotique, non sans heurt. Le parlement, la banque centrale et les bureaux du Premier Ministre ont du être défendus par la police jour et nuit. Le gouvernement est tombé, des élections ont été organisées, les directions de la Banque centrale et de l'autorité de surveillance des banques ont été limogées. Le nouveau gouvernement a répondu à toutes les demandes des manifestants. Ce qu'a démontré l’Islande  c'est que la crise est systémique et a des conséquences politiques et démocratiques dramatiques. 

Un projet de nouvelle Constitution a été élaboré par une assemblée de citoyens élus. L'Islande a fait une demande d'entrée dans l'Europe en 2009, mais n'imagine nullement entrer dans la zone euro. Elle a dernièrement suspendu cette demande, le peuple étant devenu réticent aux vus des déboires économiques actuels de l'Union. La dévaluation a été une partie du problème mais aussi une partie de la solution. Elle a permis de rendre les secteurs exportateurs (pêche, énergie, technologies) plus compétitifs, ainsi que le tourisme bien sûr. Trois mois après le deuxième référendum, l'économie a redémarré. En Janvier 2013, les exportations se sont accrues de 18%. Des banquiers escrocs ont été condamnés à des peines privatives de liberté. La France est bloquée, pieds et mains liés, car dans l'impossibilité d'une dévaluation. Les règles de concurrence libre et sans entrave sont donc faussées. L'Union Européenne se meurent pendant que la Chine et les Etats-Unis peuvent encore déprécier leurs monnaies. A leurs guises! 

Des solutions existent. Elles ont été appliquées et avec succès. 
Mais en Europe, et notamment en France, "moraliser le capitalisme", est un "runing-gag" politique chronique. En 2009, Nicolas Sarkozy promettait de le moraliser et de le refonder. Pendant la campagne présidentielle de 2012, François Hollande clamait que son ennemi était la finance. En dépit des promesses, tous deux mettront en place une politique libérale. Moraliser quelque chose d'immoral n'est pas chose aisée. Le libéralisme total puise ses richesses aux détriments des plus faibles et les gouvernements restent passifs. Pour moraliser le capital il faut d'abord que les acteurs qui font le capitalisme soient moraux. 


La France en queue de peloton, la Grande-Bretagne en pointe


En effet, en Grande-Bretagne, une commission a été chargée de rédiger un rapport afin de réformer le système financier. Ce dernier préconise des ratios financiers plus sévères avec 10% de capitaux propres (au lieu de 7%) pour les banques de détail -banque qui exerce une activité de crédit et d'offre de produits de placements- ce qui aurait protégé l'ensemble des banques britanniques pendant la crise. Le rapport suggère également d'isoler l'activité "détail" au sein des banques. Outre manche, on réfléchit à une forme de séparation des banques de détails et d’investissements et à des normes nettement plus sévères. A Paris, c'est le néant. 

C'est tout le paradoxe. Le sauvetage du système financier a limité malgré tout l'envie de le réformer. 







Des solutions complémentaires

L'économie écologique est une branche de l'économie en interface et en interdépendance avec le monde financier. 





La France, l'Europe, sont profondément endettées et l'écologie est reléguée au dernier plan. Une absence de priorité suicidaire. Nous pouvons être en interface avec les besoins du monde du futur. Il suffit d'investir, mais d'investir avec raisons. Au début du XX ème siècle, lorsque l'Allemagne, les États-Unis, et la France croient en la deuxième révolution industrielle, l'Angleterre s'obstine dans la première et, pour prouver au monde que la vapeur est encore l'avenir, va construire de gigantesques bateaux: l'Olympic, le Gigantic et... le Titanic! Le siècle anglais prend fin avec le naufrage du géant des mers. 

Aujourd'hui, notre survie passe par le développement d'une économie au service de l'écologie grâce à un soutien prioritaire aux PME qui favorisent et contribuent à l'innovation et à la transition écologique. De cette façon, la France doit pouvoir s'imposer comme leader dans le développement durable et, à moyen terme, exporter sa technologie. La quatrième révolution industrielle devra être et sera incontestablement écologique. Il ne faut pas regarder le train passer. Il en va de notre survie économique, de notre croissance, si chères aux libéraux fanatiques. 


Pour l'économie mondiale, et notamment française, le naufrage a déjà débuté. Il est dangereux d'attendre de sombrer avant colmater les brèches. 


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